Transpyrenea 2016 : récit de course
Que celui qui sait comment résumer 8 jours de course en deux
pages m’explique comment faire. Je n’y suis pas arrivé. Alors bravo aux
lecteurs qui auront la patience de tout lire !
17/07 (dimanche): j’arrive à l’hôtel Mas de les cluses
en fin d’après-midi. Je suis venu en train. Comme souvent avant un gros défi
sportif, je me suis immergé dans une histoire encore plus folle que mon projet
du moment. Cette fois c’est le livre « Running on Empty » de Marshall
Ulrich qui me permettra de rentrer dans ma bulle.
18/07, 11h30 -- Fort de Bellegarde, Le Perthus. Enregistrement
pour le départ, vérification du matériel obligatoire, remise de mon dropbag à l’organisation.
Je discute un brin avec Martine Volay, Chris
Lefèvre, mes amis d’Annecy, et je fais connaissance avec une douzaine de
collègues de course pendant le repas de midi. Je rentre à l’hôtel en milieu d’après-midi
avec Julia et Christian Fatton, un couple sympa que j’ai rencontré à l’hôtel.
Avant une longue course, j’aime rester au calme, dans ma
bulle. Le livre de Marshall Ulrich m’aide beaucoup. C’est en le lisant que je
réalise l’importance de mettre en place une routine pendant la course. Ça me
donnera des points de repères utiles du point de vue psychologique. Alors
voici: tous les jours vers 15h, sieste de 20 minutes, minuit : arrêt d’une
durée de 5h30 pour dormir en nature (surtout pas dans une base vie) – 4h30 de vrai
sommeil, soit 3 cycles complets, réveil à 5h pour départ à 5h30, vers 7h :
petit-déjeuner, midi : vrai repas si possible, 15h sieste, etc.
19/07 - 12h00 : Départ ponctuel de la course. Je prends
soin de rester dans les derniers. Il fait très chaud, il faut être prudent.
19/07 - 12h33 : On commence par plusieurs kilomètres de
piste. Le soleil cogne. La végétation basse n’offre un refuge que très rarement.
J’ai bien fait de me retenir de courir ; si j’ai chaud au bout de 30
minutes en marchant, je me serais fait du mal en allant plus vite. Je compte
une demi douzaine de coureurs derrière moi.
19/07 - 15h00: On a bien fait une petite pause « chemin »
pendant 15min, mais l’arrivée à Las Illas se fait sur le bitume. Je trouve une
douzaine de collègues dans un espace vert où se trouve une fontaine. Tout le
monde souffre de la chaleur. Je remplis mes gourdes ; personne ne parle ;
je décide d’aller voir ce gîte d’étape qui est indiqué sur une pancarte. Il se
trouve à environ 300 mètres du parcours. Je n’ai pas mangé à midi, alors ça
vaut le coup d’essayer d’y trouver un vrai ravitaillement. Bingo ! J’y
achète une limonade, un coca, et un vrai gros sandwich ; 25 minutes de pause au
frais. Quand je repasse devant la fontaine, je suis étonné d’y voir encore une
quinzaine de personnes. Je pensais être le dernier avec ma super pause.
19/07 - 19h40: problèmes d'estomac ; est-ce dû à l'eau potable que j'ai bue qui n'était pas si potable ? Ou bien à mes cacahuètes à la Wasabi qui passent mal ? Je vais éviter cette Wasabi (mon réveille-palais traditionnel) et manger plutôt mon mélange de noix BIOCOOP. Mon pied droit va beaucoup mieux grâce à la NOK ventouse. La peau de ce pied droit est encore fragile suite à mes 200km sur le GR5.
19/07 - 21h50 : premier Check point (CP) : « Moulin
de la Palette » nous arrivons Ravito (heure). J’avais prévu d’y arriver à
23h33. Trop rapide, mais cette avance est surtout due au très fort pourcentage
de piste et de route. Ravito sympa avec soupe, 4 quarts, fruits secs, coca,
etc. Mais à peine 20 mètre derrière, on voir le gîte étape que j’avais repéré
sur la carte. Un endroit très sympa, idéal pour la famille. Les gardiens sont
un couple et deux filles pré ado qui font leur scolarité par correspondance, à
raison de 3-4 heures par jour. On en discute pendant que je déguste un bon plat
de riz + légumes et un verre de coca qui m’apporte le supplément d’énergie que
compense celle que la digestion va me demander.
19/07 - 22h30 : Il faut repartir. Il est aussi possible
de dormir quelques heures dans une grande salle prévue par l’organisation. Mais
ça sent le mauvais plan à plein nez du point de vue qualité de sommeil. Sur ma
demande, les gardiens m’indiquent un endroit sympa pour camper la nuit. Il
s’agit de suivre le chemin jusqu’aux ruines et prendre à droite pour ne pas
être dérangé par les coureurs qui passent. Celia choisit de venir avec moi. 40
minutes suffisent pour atteindre les ruines. Pas besoin de tente puisque
pas de pluie annoncée. Première nuit dehors, pourvu que ces fameux ours ne
viennent pas nous rendre visite.
20/07 - 06h00 départ lent après une nuit un peu plus longue
que prévue. Entre les moustiques et je l’énervement de la course, j’ai mis au
moins 40 minutes à trouver le sommeil. Je sens l’arrière de mon talon
droit qui tire un peu, mais ça reste sous contrôle. C’est une douleur que
j’ai pratiquée en entraînement ; rien de neuf. La NOK à gogo tient bien ;
le début d’ampoule que je sentais venir reste aussi sous contrôle.
20/07 - 07h10 : arrivée à Arles sur Tech. Ravito
rapide : 1 tranche de 4 quarts et 3 madeleines. On repart sur une crête
sympa qui monte bien. A 9h je commence à souffrir de la chaleur ; c’est
parti pour une journée canicule.
20/07 - 9h45 : sympa le torrent ; ça faisait un
moment qu’on l’entendait rugir ! J’ai pu refaire le plein d’eau et me
laver un peu avec mon demi savon de Marseille bio ; le t-shirt et le
bandana aussi. Ça fait du bien au moral et du mal aux odeurs J
20/07 - 11h00 : 33 degrés déjà, à 1400m d’altitude …
nous ne sommes pas loin de Batère. Je dose la vitesse. J’ai pu tester les
conséquences de trop de vitesse par temps chaud sur le GR5 en juin cette année.
Nous traversons une zone d’arbustes d’environ 1m80 de haut, dont le feuillage
si dense, qu’il est presque impossible de voir le chemin.
20/07 - 12h30 : excellent ce ravito de Batère!
Impressionnante bâtisse dans un village perché en haut d’une route bitumée que
nous avons suivie sur un peu moins d’un km. J’ai bien optimisé la pause : viré
chaussures en chaussettes pour sécher les pieds 15 min devant un plat de pâtes
tuné avec un demi sandwich jambon fromage offert par un coureur qui n’avait
plus faim ; dessert brownie miam.
J’entends certains qui n’arrivent pas à
s’alimenter et vont donc faire une sieste. Tiens donc … ça me rappelle mon
expérience sur le GR5 quand on va trop vite pour la chaleur. Je NOK bien mes
pieds + chaussettes, remplis mes gourdes, houspille un peu Célia et on est
repartis.
20/07 - 13h43 : moment d’euphorie en descente
technique. Je sais d’expérience que ces moments sont dangereux. Aller trop vite
est synonyme de blessure plus tard. Il vaut mieux rester avec quelqu’un de plus
lent. La présence de Célia me va bien.
20/07 – 18h : petite sieste de 20 min au Ras dels
Cortalets, juste à la fin du balcon du Canigou. Le redémarrage sur la piste est
difficile. Deux collègues coureurs nous ont rejoints : Isabelle, une
française et Brian, un Malaysien. J’ai du mal à suivre le rythme de Célia sur
ce faux plat montant. J’ai le moral dans les chaussettes, sans savoir trop
pourquoi.
20/07 – 20h22 : Après une pause de 40 minutes au refuge
CAF des Cortalets (altitude 2150m), je décide de repartir sous la pluie.
Isabelle et Célia me suivent. J’ai regardé la météo avec le gardien du
refuge ; en principe ça ne devrait pas être trop moche. C’est impressionnant
au départ : le vent souffle fort, le ciel s’est considérablement assombri
et la nuit n’est pas loin. Etrangement, la difficulté me donne de l’énergie.
21/07 – 01h15 : Après presque 4 heures de progression
sur terrain très technique (succession de pierriers), j’arrive dans la zone du
refuge de Mariailles. Sauf que je ne le vois pas, caché de l’autre côté de la
colline. Il y a un abri pastoral plein de coureurs endormis. Je trouve une zone
plate en haut de la colline, près d’un bois. Je me fabrique un abri avec mon
poncho (Sea Summit), un bâton de rando en guise de piquet, une ficelle et 6
piquets de tente. J’avais répété ce montage pendant ma préparation à cette
course. Avec un tarp pour protéger de l’humidité du sol, un matelas de sol
gonflable, un sac de couchage et un drap de sac, mon camp est complet.
21/07 – 6h30 : J’ai passé une bonne nuit, malgré le
vent et un peu de pluie. Repliage rapide de mon abri, en mangeant un petit
Balisto en guise de petit déjeuner (miam !) et c’est reparti pour une
nouvelle journée. Passage rapide au refuge de Mariailles. Le gardien est bien
remonté contre l’organisation de la course. Il avait bien dit qu’il ne voulait
pas y participer ; il est débordé avec tous ces coureurs qui ont besoin de
boire, manger et dormir. Ensuite c’est un sentier de descente facile dans les
bois le long d’un ruisseau. Idéal pour commencer la journée.
21/07 – 8h42 : Ravito à PY, petit village très sympa.
J’y croise Christian Lefèvre ; Martine y a dormi et est repartie très tôt
le matin. Je me gave de sucré et salé ; tout ce qui me tombe sous la main.
Je mettrais du temps à digérer tout cela (typiquement, un coup de barre dans
les 45 premières minutes, mais tant pis.
21/07 – 12h40 : Petit arrêt à Mantet (1466m) ; j’y
avais repéré un gîte étape, mais les propriétaires se sont absentés.
Heureusement, il y a un bar dans le village : une dame pas très aimable au
premier abord, mais qui a fini par rigoler avec le groupe de 5 coureurs que
nous formons (Célia et 3 autres gars, dont un que ses potes surnomment vomito,
sympa…). Nous avons tous droit à un copieux sandwiche un bon coca. Je profite
de la pause pour sécher mes pieds 15 min et les repasser à la NOK. Je repars
énergisé pour une longue monté au Coll de Pal (2294m)
21/07 – 14h11 : 37 deg. C à 2000m d’altitude.
Température annoncée par Célia qui, Portugal oblige, est plus à l’aise que moi
quand il fait chaud. Je gère avec une allure tranquille et un bandana que je
trempe dans tous les cours d’eau que je traverse. Bilan santé : les pieds
vont plutôt bien ; léger tiraillement à l’insertion de l’ischio de la
cuisse droite sur la fesse ; idem dans la zone d’insertion des tendons
d’Achilles sur les mollets. Tout est sous contrôle. Je connais ces douleurs que
j’ai eu l’occasion de gérer pendant ma préparation à cette course.
21/07 – 16h30 : Le torrent de Carança, torrent du
bonheur. J’ai trouvé la technique pour un lavage complet : bonhomme +
fringues en peu de temps. Je me sers de mon t-Shirt comme gant de
toilette : je le savonne + rince en premier. Idéal ensuite pour me rincer
sans me plonger complètement dans l’eau froide, pour me savonner et pour me
rincer à nouveau. J’ai aussi prévu une petite serviette pour sécher les pieds
avant de remettre de la NOK + les chaussettes (que je n’ai pas lavées puisque
trop long et potentiellement polluant avec la NOK dedans). Pour le séchage hors
pieds, ça sèchera sur la bête.
21/07 – 19h30 : Dans la descente du Col Mitja, je tombe
en arrière (glissade classique) et je me plante la poignée d’un de mes bâtons
dans les côtes, côté gauche. Ça m’a fait tellement mal que je suis resté couché
sur le sentier presqu’une minute. Voilà ce qu’il se passe quand l’euphorie
m’emporte… Je me relève et teste un peu la carcasse… côte légèrement fêlée au
pire. Ça me fait mal quand je lève le bras gauche, quand je pousse sur les
bâtons et quand je respire à fond. A part ça, je peux avancer. Je découvrirai
plus tard que ça me fait aussi mal quand j’éternue. Célia qui n’était pas très
loin derrière m’a rejoint et s’inquiète parce-que pendant une bonne heure je ne
parle plus trop et j’ai « l’aire triste ». Je suis passé de
l’euphorie à la déprime : ce serait tellement bête de devoir abandonner
cette course sur « un planté de bâton » !
21/07 – 23h35 : Nous passons au gîte d’étape de Planès.
Tout le monde dort sauf une personne qui nous indique où prendre de l’eau. Nous
continuons en direction de Bolquère. Je plante la tente à deux kilomètres du
check point #5 vers minuit 30, dans un champ d’herbes hautes assez humides,
voisins d’un enclos de chevaux. Il pleuvra un peu la nuit. Le tarp en le poncho
tiennent bien le coup. Ils seront trempés le matin, mais mon sac de couchage
est resté sec.
22/07 – 6h25 : Arrivée au CP#5 de Bolquère, après une
quarantaine de minutes de jardinage pour le trouver. Il fallait sortir de la
trace pour monter au stade en haut du village. Le CP est nickel :
vestiares, douches, toilettes, zone calme avec des tentes pour dormir … bref,
si j’avais su j’aurais poussé pour atteindre le CP la nuit dernière.
22/07 – 9h00 : Traversée de la station Pyrénées 2000 en
direction du lac des Bouillouses. C’est du vallonné sur piste. Ce n’est pas ma
tasse de thé : je préfère le dénivelé et les terrains techniques. Du coup
Célia est devant et je peine à la suivre. De temps en temps je fais quelques
foulées en courant, ça fait du bien. Nous arrivons dans la zone du lac. Dommage
qu’il y ait tant de brume. Je discute avec 2-3 vaches, mes copines et ça me
redonne le moral. Le terrain est devenu très humide. Il faut traverser les
ruisseaux et éviter les mares de boue. Ça passe le temps.
22/07 – 11h00 : Gîte étape des Bouillouses.
Sympa : ils nous font un sandwich + coca. Pendant notre pause, le ciel
s’obscurcit, le vent se lève. Il serait tentant de rester bien au chaud pour
éviter l’orage, mais nous n’avons pas le temps. Il faut avancer. Je dis à Célia
qu’il faut qu’elle mette tous les vêtements contre la pluie et le froid qu’elle
a. Je mets l’armure : veste polaire déperlante (cadeau finisher UTMB
2006), veste pluie WAA (10'000 Schmerber), poncho, pantalon de pluie, gants
dans la poche. Il ne manque plus que les bottes… A peine quinze minutes plus
tard, ça pète : vent et pluie fine en entrée, orage et pluie épaisse en
plat de résistance, grêle en dessert. Célia se réfugie sous un arbre quand la
grêle tape fort. Ce n’est pas une météo habituelle au Portugal. Perso j’adore ;
on voit dans le ciel que ça ne va pas durer et j’ai essuyé un bel orage avec
une grêle qui faisait plus mal sur le GR5 pendant ma préparation en juin. Dix
minutes plus tard, il pleut juste ; on repart ; Mais au bout de 30
minutes, Célia ne sent plus certains doigts de ses mains, malgré ses gants… Elle
n’est pas bien équipée contre la pluie et le froid. Son expérience de
montagne se limite à quelques ultratrails très bien encadrés. Je lui prête mes
gants et mon poncho et on repart vers la Portella de la Grava, 2426m.
22/07 – 11h00 : Approchant le sommet, nous croisons une
bonne douzaine de randonneurs en deux groupes. Je discute un peu :
« il fait beau de l’autre côté ? ». Nous passons deux névés et
basculons vers la cabane de Rouzet. Le mauvais temps fait place au soleil. On
en profite donc pour faire la pause à la cabane : sécher les pieds,
remplir les gourdes, grignoter, discuter avec une nana d’environ 30 ans, qui
termine bientôt sa randonnée de deux mois sur GR10 d’est en ouest. Elle a tout
plaqué pour se barrer seule sur le GR, en prenant le temps de faire une halte
ici et là, selon la météo et les coins, crêtes et sommets qu’elle veut voir.
Nous repartons vers midi. Il fait encore beau, mais ça ne va
pas durer. Il faut monter au Col de la Coma d'Anyell, 2490m, avant de descendre
un pierrier n’ayant rien à envier au massif de Belledonne : des rochers de
3m de haut, voire plus. Section très
minérale, j’adore, mais trop courte. On revient vite sur des petits chemins
étroits bordés de végétation basse. Il se remet à pleuvoir un petit crachin,
alors on passe le refuge de Bésines sans s’arrêter ; il ne reste plus que
10km pour et 1100 m de dénivelé négatif pour atteindre la base vie de Mérens.
Le terrain reste tortueux et glissant, alors nous marchons vite, sans trop
parler. Un couple de suédois nous précède, puis nous suit. En arrivant à
Mérens, il y a le gîte étape du Nabre qui a mis une pancarte « coureurs
Transpyrénéa bienvenus ». Sympa ! Si j’avais le temps, j’y passerais
bien un moment.
22/07 – 20h13 : Après deux longs km de bitume, nous
arrivons au camping qui sert de base vie. La barrière horaire, prévue à 1h du
matin a été repoussée à 8h du matin pour permettre aux coureurs de ne pas
affronter l’orage de nuit. J’avais prévu d’arriver à Mérens à 14h30. Mon idée
est donc de repartir le plus vite possible. Célia veut rester avec moi, malgré
ma réticence clairement exprimée… Je me suis mis dans une belle galère et je ne
vois pas comment en sortir élégamment. Merde, mon dropbag est trempé, bravo
l’organisation. Heureusement, j’ai limité les dégâts avec mes sacs dans des
sacs. Comme d’habitude, je commence par sécher mes pieds avant la NOK. Je change de chaussures et chaussettes, je
charge mes 6000 kCalories pour la section suivante de la course ;
changement de piles et accus (GPS, tél, appareil photo), je répare et je range
le dropbag (ils ont réussi à arracher une sangle et la fin de la fermeture
éclair). Direction le restaurant : une table pour huit personnes et de
gentils bénévoles qui font au mieux avec des moyens très limités. Des raviolis
en conserve et quelques tucs, elle est pas belle la vie ?
22/07 – 21h30 : C’est reparti. La pluie se joint à nous
environ 30 minutes après notre départ. Je galère à trouver le GR10 ; le
chemin du tracé GPS est barré par un arbre, puis descend au lieu de monter. Je ne
me souvenais plus de la carte : il était bien prévu de prendre une piste
pour rejoindre le GR un peu plus haut, vers 1200m d’altitude. Mais c’est un mal
pour un bien. Pendant tout ce temps perdu (au moins 45 min je pense), la pluie
s’est graduellement intensifiée et met à l’épreuve l’équipement de mon amie
Célia. Je n’ai pas vu ce qu’elle prenait dans son dropbag pour être plus à
l’aise que ce matin. Nous sommes à l’altitude 1450m. Il reste presque 1000m à
monter en luttant contre le sommeil (il est 23h passé et j’ai toujours du mal
la nuit), j’ai noté que le terrain là- haut est très technique (barres
rocheuses et pierrier partout sur la carte IGN), ma feuille de route estime à 4
heures le temps pour atteindre le refuge de Ruhle (vitesse de jour, pas la nuit
sous un orage). Je demande à Célia comment elle va, froid ? trempée ?
Réponse: les deux mon capitaine. Je suis dégouté : on est encore protégés
par la forêt ! Elle n’a pas mis son poncho et ne protège même pas son sac
(affaires de rechange trempées aussi) ? Mais elle continue à monter devant
moi… il me semble évident qu’il ne faut pas insister et faire demi-tour vers
Mérens. Mais j’attends de voir si elle va arriver toute seule à cette
conclusion. C’est un réflexe d’ancien plongeur spéléo : utiliser les
situations encore pas trop dangereuses pour tester le bon sens de son équipier
avant de lui faire une confiance sans réserves dans des situations
véritablement délicates qui nécessitent deux cerveaux alertes. Alors on monte,
on monte … Juste avant de sortir de la forêt, c’est moi qui finit par suggérer
qu’il vaudrait mieux redescendre. Elle accepte. Nous irons nous sécher et
dormir, non pas sous le chapiteau percé de la base vie, mais dans le gîte
d’étape du Nabre : « coureurs Transpyrénéa bienvenus », que nous
atteignons un peu avant deux heures du matin.
23/07 – 6h30 : je me réveille avec le moral à zéro.
Reste-t-il vraiment une chance d’arriver à Hendaye, terminus de cette
course ? Ils nous ont donné jusqu’à huit heures du matin pour repartir,
oui, mais sans rajouter le temps supplémentaire correspondant aux barrières
horaires suivantes ! Une voiture démarre à côté de notre gîte. C’est un signe :
il faut que je démarre aussi. Je sais ce qu’il faut faire ; la décision
est simple ; il faudra juste probablement faire face à une crise. Je
m’assois dans mon sac de couchage ; ça réveille Célia qui est sur le
matelas à côté. Il faut y aller. Une quinzaine de minutes plus tard je suis
prêt à partir, sac sur le dos, bâtons à la main. Célia en est toujours à
rassembler du linge encore trempé qu’elle a étendu hier pendant que je m’endormais.
Je prends mon courage à deux mains et lui dis à nouveau que je préfère
continuer seul, que cette fois-ci, j’y vais. J’ai eu droit à la crise que je
craignais, … en pire. Bref, je suis parti. J’ai mis à profit les 1’200 mètres
de dénivelé positif pour créer un bon écart, de peur qu’elle tente une
poursuite.
23/07 – 11h30 : J’atteins le refuge de Ruhle après un
peu moins de 4 heures d’effort. J’ai pu mesurer à quel point un demi-tour était
la bonne décision hier soir. Sinon ça aurait fini en appel au secours. Enfin…
si signal il y avait pour les appels d’urgence ; je n’ai jamais essayé un
appel d’urgence dans une zone sans réception cellulaire. Dans une zone avec
réception non plus d’ailleurs. Bref, après la forêt il y avait 700 mètres de
montée très exposée au vent, soit deux heures de nuit. Ensuite, une belle
section d’éboulis glissants avec rochers bien aiguisés et taillés pointu :
tout ce qu’il faut pour se blesser. De jour j’ai bien mis 45 minutes pour
trouver mon chemin (brune obligeant) puisque le chemin avait été
« emporté » par les éboulis. De nuit, avec une personne hypothermique
… C’est bien dommage que je n’ai pas eu grande visibilité ce matin-là :
j’aurais aimé voir cet Etang Bleu que nous contournions et pouvoir mesurer
l’étendue de cette zone minérale que j’ai traversée. Le pierrier qui s’étend et
entour les pics de Cazalassis, Cazakassis, Fourcade, Ruhle a l’air immense sur
la carte IGN que je consulte en écrivant ce topo de course. A revoir
absolument.
Au refuge, je mange le plus rapidement possible en
m’occupant de mes pieds. Toujours la peur de me faire rattraper par Célia…
Refuge très agréables, gardiens sympas. Très bien organisé aussi : crocs à
dispo dans un vestiaire où il faut laisser son sac. J’achète une bonne platée
de pâtes, un coca et un sandwich pour la route. Je mange aussi des tartines et
de la confiture qui trainaient sur la table.
23/07 – 13h45 : Je me promène sur la crête des Isards,
dans le brouillard… quel dommage ! Je sens que la vue doit être
magnifique ! Ça sera pour une autre fois. Au moins il ne pleut plus. La
météo annonce une éclaircie en fin de journée, ils ne savent pas trop quand au
juste. Toute la section qui mène au plateau de Beille est un superbe chemin de
crête long de plus de 10km ; vers 15h j’ai à nouveau une belle visibilité. Il
m’arrive de distinguer le chemin sur plusieurs kilomètres de
« prairie ».
23/07 – 16h10 : Je me suis trouvé un endroit plat sous
les pins pour faire ma petite sieste de 20 minutes + soin des pieds. J’essaie
de ne pas perturber mes amis les moutons qui sont côté est du chemin. J’ai un
peu froid au redémarrage mais ça passe après 10 minutes. J’ai vu que même
Kilian y allait mollo au réveil d’une sieste, alors j’attends le réchauffement
sans forcer. Je suis toujours sur un terrain herbeux en faux-plat. Facile à
courir.
23/07 – 17h15 : Je dépasse 3 gars, dont mon héros qui
continue à marcher depuis ce matin malgré ses pieds qui sont à vifs ; il
m’a dit que le podologue de Mérens les avait pris en photo, tellement rare
était sont état. Les deux autres hésitent sur la direction à prendre. Mon GPS
dit qu’il faut monter tout droit sur la colline (+50m de déniv). J’y vais et
ils finissent par me suivre. De l’autre côté je comprends un peu tard qu’il
aurait mieux fallu contourner par l’est sur la piste pour faire moins d’effort.
Tant pis, je me sens bien alors je cours un peu sur la piste qui m’amène au
CP#6 Station de Beille.
23/07 – 17h23 : CP#6 Station de Beille. Je suis en
pleine forme. Je suis leur parcours fléché pour trouver le ravitaillement. Il
fait beaucoup trop chaud dans leur hutte. Alors je prends plein de bonnes
choses à manger dans un petit sac en plastique et je mange tout cela en
marchant. Je bois juste un coca (du faux) et je file sur la piste qui m’emmène
sur un chemin forestier, à la végétation basse et dense au début, puis boueux, qui
me permettra de descendre les 700 mètres de dénivelé qui me séparent du parking
de Coudène.
23/07 – 20h23 : Bientôt une heure et demi que je monte
dans la forêt. Je sens le bas de chacun de mes deux talons (insertion
Achilles-talon) qui tirent. J’y vais mollo pour ne pas que ça empire. Je sais
que ce genre de douleur s’en va en modérant mon allure et avec les changements
de terrain. J’arrive encore à grimper à 600m/h en vitesse instantanée. Je suis
maintenant dans la clairière du Simon, à une altitude de 1660m. Je peux enfin
admirer le paysage à nouveau. La vie est belle et le temps passe vite : ça
fait déjà 13 heures de rando aujourd’hui. J’ai même droit à un spectacle
inattendu : des chevaux en liberté qui vaquent tranquillement à leur
existence dans la prairie. Il ne fait pas encore nuit ; c’est trop tôt
pour des hallucinations. J’ai été télétransporté aux USA ??
23/07 – 22h04 : Exercice de navigation très
intéressant. Amateurs sans GPS s’abstenir, surtout de nuit. J’ai beau avoir pas
mal de pratique en matière de suivi de sentier, même faiblement marqué, pas
moyen de le garder sous le pied. Un troupeau de vaches campe à côté de la
cabane de Ballédreyt, qui marque le début d’une forte ascension de 200 mètres
jusqu’à la cabane de Courtal Marti. Le sentier est clair entre les deux
cabanes, encore que le début était … discret. Ensuite, il ne faut pas prendre
la piste, mais suivre la crête de Bède dans le brouillard, pendant quelques 5
kilomètres. Mais comment vont faire les gens qui n’ont pas suivi la
recommandation de l’organisation : prendre un GPS ??? J’en connais
deux qui ont réussi à passer ici de nuit avec juste le roadbook de
l’organisation, mais ils sont accompagnateurs de montagne ; sinon ça doit
être dodo en attendant la lumière du soleil…
24/07 – 00h30 : Je me trouve un petit coin
raisonnablement plat sous les arbres, bien à l’écart du sentier pour ne pas
être réveillé, juste 200m en haut du village nommé Gestiès. Je fais mon abri et
je prends le temps de soigner ces petites douleurs qui tiraillaient la chaîne
musculaire mollet-tendon d’Achilles avec du Baume de tigre. En bonus :
l’odeur du camphre parfumera un peu mon drap de sac… Brossage de dents en
chantonnant sous les sapins (personne pour penser que je suis fou…) et dodo
vers une heure du matin. Je mets le réveil à 5h30 pour me laisser 4h30 de
sommeil, soit 3 cycles.
24/07 – 06h00 : Me voilà reparti. J’ai plutôt bien
dormi. J’ai juste réveillé ma blessure aux côtes en me couchant trop lourdement
sur ce qui devait être un caillou au sol. La douleur est présente ce matin
beaucoup plus qu’hier matin, mais hier matin j’avais d’autres soucis… Je sens
aussi une raideur dans ma cheville gauche, au-dessus de la malléole extérieure,
comme si je m’étais foulé la cheville. Bizarre … affaire à suivre.
Je traverse les villages de Gestiès, puis Siguer. Pas âme
qui vive, normal pour un dimanche si tôt le matin.
24/07 – 09h30 : J’ai failli faire une chute très grave
au col d’Esquérus. Ils ont trouvé le moyen de fixer une plaque commémorative
sur une roche qui fait l’intérieur d’un virage à 90 deg sur chemin étroit
bordant un ravin de 20 mètres discrètement édulcoré avec quelques arbustes.
Bref, que fait un passant curieux comme moi ? Il lit la plaque (en
marchant) et bien entendu, se dirige droit vers le ravin. Heureusement je sens
venir la chose et je m’arrête juste avant que ce ne soit trop tard. Réflexe de
motard ?
24/07 – 11h05 : Goulier, CP#7. Je suis 157ème !
Il y a eu beaucoup d’abandons, entre la météo des extrêmes et les collègues qui
ne prennent pas soin de leurs pieds. Encore une fois, je bénis ma préparation
sur le GR5 et le GR9. J’y avais aussi détruit mes pieds, ce qui m’a appris à
les soigner. Mais j’ai quand même 18 heures de retard sur mes prévisions !
Le check point est de très bonne qualité : un coin tentes
pour dormir, un coin soins médicaux et un vrai restaurant avec buffet garni. Le
top du top. J’y ai passé une heure, ensuivant ma routine habituelle :
remplir les gourdes (pour ne pas oublier), commander un sandwich pour la
journée, séchage de pieds pendant que je mange, discuter un peu avec les
voisins, demander la météo, coca pour faciliter la première période de
digestion, NOK sur pieds et chaussettes et go !
Une vingtaine de minutes plus tard commence un superbe
sentier balcon orienté plein sud, avec une vue imprenable sur huit combes
boisées naissant toute de la crête des Cadelats. Je rattrape trois collègues.
Nous cherchons la variante autorisée par l’organisation : elle est bien
indiquée sur le roadbook. C’est un sentier qui descend vers l’ouest, un
raccourci qui nous économise environ 5km. J’aurais bien aimé voir ce barrage
d’Izourt, mais j’ai trop de retard pour pouvoir me le permettre.
24/07 – 13h05 : Nous sommes un groupe de quatre qui
décide de faire une pause à la traversée du ruisseau d’Artiès. Pendant que deux
d’entre nous dorment les doigts de pied à l’air, je mange un peu de mon
sandwich et je répare mon poncho avec ce rouleau aplati de duct tape que
j’avais eu la très bonne idée de prendre. Le Duct Tape, c’est du scotch toilé qui
permet de réparer beaucoup de choses. J’ai déchiré tout un coin de mon poncho
avant-hier avec un de mes bâtons. Je l’ai vu seulement hier soir. Il faut
absolument éviter que la déchirure s’agrandisse. Elle fait déjà plus de 40cm…
24/07 – 16h10 : Je viens de reprendre ma route (enfin,
mon sentier) après ma sieste quotidienne de 15h. Je comprends pourquoi un
coureur avec qui j’avais discuté au CP7 m’avait parlé de mur après le balcon.
Je confirme, la montée dans les bois qui mène au début de de la crête des
Cadelats est franchement sévère. Et avec la digestion en prime, j’en ai bien
bavé. Pourtant il n’y a que 650m à monter. D’ailleurs ce même coureur finira
par abandonner à cause d’un mal de gorge + fièvre en me disant « je n’ai
vraiment pas la forme et en plus, sachant ce qui nous attend… ». Au CP7,
il m’avait décrit de façon très précise les 50 prochains kilomètres et m’avait
dit très bien connaitre jusqu’aux Cauterets, c’est-à-dire les 350 prochains
kilomètres ! Comme quoi, les reconnaissances n’ont pas que du bon. C’est
une leçon que j’ai apprise sur l’échappée belle : parfois il vaut mieux ne
pas savoir ce qui vient. L’ignorance m’avait sauvé sur la diagonale des fous en
2013.
24/07 – 17h15 : Belle cascade un peu à l’écart du
chemin – lavage complet du bonhomme. Ma technique du gant géant avec le t-shirt
fonctionne à merveille. L’eau fraiche me fait un bien fou. Ma toilette a bien
amusé deux coureurs n’étaient pas loin derrière moi. Suis-je le seul à me laver
dans la nature ??
24/07 – 18h00 : Après le village Marc, où je ne
m’arrête pas pour manger, je rejoins un collègue qui ne va pas bien vite. Je
reste avec lui pour éviter de m’emballer sur l’aqueduc. C’est un ingénieur des
arts et métier, promotion 1984 je crois. Au bout de l’aqueduc, plus de risque
de s’emballer : le terrain devient très pentu, puis assez technique à
partir de la conduite forcée (qui nous arrose un peu), jusqu’au refuge de
Bassiès qui se trouve à 1650m d’altitude. Je reste quand même avec mon
compagnon, mais je prends bien soin de lui préciser que « je ne suis pas
prêt de me remettre en couple » suite à l’expérience avec Célia, que je
lui raconte dans la foulée.
24/07 – 23h30 : Nous sommes cinq autour de la table au
refuge de Bassiès ; on discute de la course en mangeant (omelette + grand
bol de flageolets pour me donner un bonus de propulsion). Tous prévoient de
rester dormir au refuge. Je préfère continuer et dormir au calme dehors. Je
vérifie la météo : peu ou pas de précipitations. Je demande au gardien si
en deux heures je peux atteindre un endroit où il est possible de camper
confortablement. Il me l’assure. Go ! Le autres décident de dormir dans la
salle à manger puisque les chambres et dortoirs sont pleins. Ils pensent passer
une nuit calme…
25/07 – 00h30 : J’ai bien du mal (digestion + sommeil) à
monter les 300 mètres de dénivelé qui me séparent du sommet. Par contre, la
nuit est magnifique : plus de brouillard, je m’arrête plusieurs fois pour
contempler les étoiles et … les frontales qui arrivent les unes après les
autres au refuge. Mes pauvres amis qui espéraient pouvoir dormir tranquilles
dans la salle à manger ! Enfin, je bascule, mais j’écope de 2 km de chemin
très technique (pierrier) et de brouillard avant de véritablement commencer la
descente vers un terrain de campement.
25/07 – 01h15 : J’ai trouvé un champ pour planter la
tente à une altitude de 1500m. Bilan de la journée : 52km parcourus, 3567m D+, 3371m
D-, moyenne globale de 2.7 km/h. Réveil prévu à 6 heures pour faire mes trois
cycles de sommeil habituels, soit 4.5 heures.
25/07 – 07h00 : J’ai eu du mal à me lever ! Envie
de faire une grasse matinée. Par contre j’ai bien dormi et la réparation au
duct tape a tenu à merveille. Aujourd’hui c’est le jour de RDV avec mon pote
Sylvestre et toute sa famille. Depuis vendredi que j’attendais ce jour avec
impatience. Il est prévu que Stéphanie (sa femme), Ket et Xavier (un super
couple d’amis) viennent à ma rencontre ce matin. Comme je vais bientôt manquer
de NOK, j’envoie un SMS à Sylvestre pour lui demander de faire un détour par
une pharmacie et m’acheter 2 tubes de NOK. Et plouf, mon téléphone tombe dans
la rivière Le Garbet, à deux pas du village Aulus les Bains. Je le repêche dans
30 cm de profondeur ; il marche toujours, mais pour combien de temps. Par
précaution je préviens Sylvestre et Pat qu’il se pourrait que je tombe en panne
de téléphone.
Ma cheville gauche m’embête : elle est comme engourdie
derrière la malléole extérieure ; elle me gratte aussi. Je tente le
Niflugel, qui me fait beaucoup de bien. C’est juste une gêne, pas une douleur
franche ; aucun impact sur mon allure.
25/07 – 09h30 : Ce coin est spectaculaire. Ça monte,
mais pas trop violemment. Je suis la rivière d’Ars, qui débouche sur la triple
cascade d’Ars. Passerelle sympa au-dessus de la cascade. On se situe plein sud
de Toulouse ; si j’y habitais, ce coin serait mon terrain de jeu. En plus,
je ne suis pas seul : deux autres collègues sont proches ; on se voit
quand l’un de nous fait une pause. Je croise aussi quatre randonneurs.
Stéphanie, tu arrives quand ??
Juste avant 14h j’arrive enfin au col d’Escots, à 1618m,
après 16 kilomètres sauvages, aquatiques et magnifiques. Un sympathique
restaurant me tend les bras : le chalet de Beauregard. Il fait beau ;
il y a au moins une trentaine de clients en terrasse. Ne perdant pas de temps,
je vais direct au bar et je demande un coca. Et tant qu’à faire, un
sandwich ? Ils acceptent de m’en faire un, en fait 2 sandwiches carrés sur
du pain très classe ; j’ai débarqué dans un endroit chic. Je mange
rapidement, je discute un peu et je repars rapidement. En passant derrière le
restaurant pour retrouver le GR, qui vois-je : la bande à Sylvestre !
Son papa, sa maman, sa sœur Emmanuelle et son mec Nicolas, son neveu Nicolas.
Ça me fait super plaisir de les voir enfin. Tout le monde est un peu
désorienté ; ils s’attendaient à me voir avec Stéphanie, Ket et Xavier.
Ben non, ils se sont trompés de chemin. Sylvestre, Emmanuelle et Thomas
m’accompagnent sur les 6.5 kilomètres de décente qui nous séparent du CP8: le gîte
d'étape l'ESCOLAN à Bidous. Il y a une partie glissante dans les bois, mais
tout le monde suit bien. J’ai beau avoir 280 km dans les jambes, je me sens
bien, boosté à fond par leur compagnie. J’ai même envie de courir !
25/07 – 16h11: CP8 le gîte d'étape l'ESCOLAN à Bidous. La
réunion des amis est complète ; j’y retrouve Stéphanie, Ket, Xavier et
Amandine, la fille ainée de Sylvestre et Stéphanie. Je n’apercevrais ne verai
Julia, leur seconde fille, que plus tard dans leur voiture. J’embrasse tout le
monde sous la tente de l’organisation, même Cyril Fondeville, l’organisateur en
chef de cette course, qui se trouvait juste là à ce moment. LOL …
Beaucoup moins drôle, je suis très surpris de voir
Christian, le mari de Martine Volay. Martine a dû arrêter la course suite à une
grave infection des pieds avec risque de septicémie (Comme je ne savais pas vraiment ce que c’est, j’ai été chercher de
l’info sur internet : La septicémie peut engendrer des foyers secondaires
d’infection et peut alors évoluer en choc septique, caractérisé par une chute
brutale de la tension artérielle, des frissons et une tachycardie. La mort
survient alors dans 40 à 50 % des cas.)
J’ai passé un sacré bon moment autour d’une table avec mes
amis. Ils m’ont regardé manger en prenant un verre et m’ont même aidé à sécher
mon tarp et poncho sur le gazon. J’ai dû
passer une bonne heure au CP8, mais que c’était court ! Notre troupe a
amusé le staff de la course : « ton fan club » comme ils
disaient. Ils ont même pris une photo de tout le monde, jointe à ce récit et accrochée
avec mes photos de famille favorites à la maison.
Nous sommes tous repartis sur la route goudronnée qui mène à
St Lizier, guidés par mon ami Christian.
25/07 – 19h28: je viens de me réveiller après une petite
sieste de 20 minutes au col de la Serre (1500m), les doigts de pied au vent.
J’en ai profité pour soigner mes pieds (un grand merci à Sylvestre et Stéphanie
pour les 2 tubes supplémentaire) et changer les piles de mon appareil photo.
25/07 – 20h00: A 980m d’altitude, un peu avant Couflens (alt.
720m), j’ai découvert le gîte fermier de Rouze. Ce gîte est exceptionnel dans
sa gestion. Gardé par des fermiers hollandais expatriés en France depuis huit
ans, le gîte d’étape fonctionne à la confiance ; sur le chemin, 50 mètres
devant la ferme, une table propose plein de bonnes choses à grignoter, une
ardoise avec les prix pour chaque aliment et boisson, une cagnotte, deux
énormes futs d’eau froide pour conserver les boissons au frais, un parasol et
personne pour surveiller. Je suis même monté au gîte, Où j’ai rencontré juste
un couple de randonneurs qui mangeaient tranquillement. Ils n’arrivaient pas à
finir le bon repas que les fermiers leur avaient préparé alors ils m’ont juste
invité ! Je suis reparti boosté à mort, non pas à cause de tout ce que j’avais
pu manger et boire, mais plutôt grâce à cette atmosphère positive de confiance
et cette belle rencontre avec des gens simples et sympas.
25/07 – 21h00: 1'300
mètres de dénivelé positif. Ça va être long ! Une fois l’épingle à cheveux du
camping passée, fini le bitume et hors de question de faire demi-tour pour
dormir au camping. C’est tentant … Mais j’ai décidé de tenter une nuit blanche
pour rattraper un peu de mon retard et tester mes capacités de gestion du
manque de sommeil.
Environ une heure plus tard, juste après le dernier village
(Faup), je passe un panneau qui annonce « Forêt Domaniale de Seix ».
Hmmm ! C’est chaud cette section de la course. Peu après, je vois une
lampe frontale, un bon kilomètre devant. Il est 22h passé, trop tôt pour avoir
des hallucinations. Pourtant j’ai l’impression que cette frontale revient vers
moi. Effectivement, 20 minutes plus tard l’impression se confirme. Alors que je
pose mon sac pour changer les piles de mon GPS, c’est un coureur espagnol qui
me rejoint. Il s’est trompé de chemin ; son GPS ne fonctionne plus. Nous
repartons ensemble ; c’est la 3ème personne que je rencontre qui a
besoin de mes services de navigation. Nous faisons 2-3 kilomètres de piste
ensemble ; il m’a l’air en meilleure forme que moi qui lutte contre le
sommeil. Pourtant, 30 minutes plus tard il s’arrête pour au bord de la route.
Je suis très tenté, mais je continue quand même. Ma lampe frontale clignote
depuis 30 minutes déjà. Je pousse un autre km sur la piste puis je m’arrête
pour changer de lampe frontale. C’est la première fois sur une course que
j’utilise ma lampe de secours. Je viens de mettre mes dernières piles AA dans
le GPS, donc il n’y en a plus pour la frontale principale. La lampe de secours
est sur piles AAA et j’ai un jeu de piles AAA en rab dans le sac. Cette lampe
est plus petite que la principale, mais c’est une PETZL aux performances tout à
fait honorables, que j’ai achetée en 2016. Tout cela m’a bien réveillé et je
comprends que le cette partie du GR10 consiste à sortir de la piste à presque
chaque épingle à cheveux pour la rejoindre plus haut avec un raccourci.
26/07 – 02h12: Je
suis au sommet, 1998 mètres ! Le ciel étoilé est magnifique ;
presqu’aucun nuage. Mon ami espagnol a redémarré ; j’ai vu sa frontale
bouger à peine 15 minutes après notre séparation. Pourtant, je ne le vois pas
derrière. En chemin j’ai croisé un coureur qui dormais sur la terrace du refuge
de l’étang d’Areau et surtout … une bande de chevaux juste avant le sommet.
J’ai dû les réveiller. Je me suis excusé et je leur ai conseiller de dormir
bien à l’écart du sentier pour que les collègues qui me suivent ne les
dérangent pas.
Il n’y a plus qu’à descendre vers le CP#9 (Aunac) ;
pourvu que je tienne la nuit. 13 km à faire, 1500m de D- avec un brin de D+ bitumé
sur la fin. Allez, 7h du matin au CP ? Une fois 500 mètres de D- couverts
j’aperçois la première frontale suiveuse en haut. J’en vois une devant moi,
mais un bon km devant. Pris en sandwich, ça me motive. Je m’imagine soit
poursuivi, soit poursuivant et je tiens sans dormir juste 4h du matin. Une fois
arrivé dans les bois, le sentier est beaucoup moins technique. Je profite de la
protection des arbres pour dormir assis deux fois 10 minutes, entre 4h et 5h.
26/07 – 07h52: J’arrive
au CP#9 (Aunac), dont je prends une photo de l’affiche. Km 323. Mon GPS a
compté 363km depuis le départ. L’écart ne me surprends pas tant que ça.
J’estime (après la course) environ 5km de jardinage, 10km pour mes tribulations
à Mérens et le reste (25km) c’est l’écart habituel entre une distance mesurée
en faisant un tracé une peu rapide à la main sur un site comme openrunner.com
et la réalité du terrain.
La nuit fut longue ; j’ai attendu qu’il soit 06h30
avant de vraiment avoir l’impression qu’il faisait jour. Et ces 9 kilomètres de
piste et bitume avant de trouver le CP … ! Par contre j’ai résussi à
parcourir 73 km depuis ma dernière nuit de sommeil, avec 3862m de D+ et 4603m
de D-. Yes !
Je suis le 123èmeà atteindre ce CP. J’y trouve
une joyeuse troupe de bénévoles et 2-3 collègues assis à cette grande table
avec bancs sur la terrasse du gîte, au soleil. Le petit déjeuneur est servi.
Alors je prends un thé, je fais quelques tartines et je discute un brin. Puis
je demande en endroit pour aller dormir 90 min (un cycle de sommeil). La
gardienne me conduit au dortoir, qui est vide. Chouette, j’ai de la chance.
Je m’allonge, je NOK mes pieds et je m’endors … mais après 60
minutes je suis déjà réveillé. Tant pis, je retourne à table pour manger et j’achète
un sandwich pour la journée, puis je vais prendre une douche (fringues et
chaussettes comprises, qui sècheront sur la bête).
26/07 – 10h30: Je
repars sur le GR ! Je regrette de n’avoir réussi à dormir que 60 minutes
au lieu des 90 prévues. C’est très mauvais pour la récupération et je ne vais
pas tarder à le payer cher. Comme quoi il ne faut pas trop bouleverser les
horaires.
26/07 – 13h16: J’atteins le col de la Core. Et dire que
j’avais prévu d’y arriver la veille à 18h … Il ne faut pas y penser ; ça
fait une semaine __pile__ que je suis en course, je suis encore dans les temps
et je n’ai pas de problème majeur : mes pieds vont très bien (grâce à la
NOK de Sylvestre et Stéphanie), mes mollet et tendons d’Achille aussi, mon dos
aussi. La vie est belle. J’ai trouvé les 10km pour arriver au col un peu
ennuyeux : route et piste à 90%. Alors je me suis inventé des chants
militaires…. J’ai juste croisé un collègue japonais qui avait trouvé le moyen
de louper le CP !
Après le col j’aurais dû prendre le GR10D et non pas le
GR10. Le roadbook donnait le choix. Mais quand j’ai préparé ma trace Gpx à la
maison, je n’ai pas vu cette option. Dommage, j’aurais pu gagner une bonne
heure et au moins 300m de D+. Ceci dit, la zone de l’étang de Bethmale était
très sympa ; j’y ai croisé pas mal de randonneurs et j’entendais les
enfants jouer dans le parc en contrebas. J’ai jardiné une vingtaine de minutes
dans cette zone et j’ai entendu dire qu’un japonais y avait passé plus de deux
heures à tourner en rond. A noter pour la prochaine fois ;-)
26/07 – 16h10: Je me suis trouvé un compagnon népalais: Wee
Teck Hian. Je l’ai rattrapé dans la montée de l’étang de Bethmale. Nous avons
passé une quarantaine de minutes ensemble, à discuter en Anglais. Comme il
parlait très fort et que j’avais besoin de calme, je suis parti un peu devant
dans une partie très raide de l’ascension vers le col de d’Eliet. Je l’ai
attendu un peu en faisant une pause de soin de pieds (massage + NOK) dont les
métatarses piquaient comme si j’avais des cailloux dans les chaussures. C’est une
douleur d’ultra que je connais bien, mais que je n’avais pas eu jusqu’à présent
sur cette course. J’en déduis que les pieds ont eux aussi besoin de 3-4 heures
de repos par jour, ce qu’ils ont eu chaque nuit, sauf hier … Bref, malgré ma
pause pieds, je ne vois pas mon ami Népalais Wee, alors je continue mon chemin.
26/07 – 17h00: en passant à côté de l’étang d’Ayes (1700m)
je vois un petit endroit en hauteur où je peux faire une sieste sans être
dérangé par les coureurs et randonneurs qui passeraient par ici. Comme
d’habitude, je mets mon coupe-vent et je pose mon tarp dans le creux d’une
butte d’herbe courte ; c’est la position idéale : les pieds en
hauteur pour un peu de drainage passif, la tête aussi et le bassin un peu plus
bas dans le creux de la butte. Je quitte chaussure et chaussettes et je
programme ma montre pour sonner dans trente minutes. Comme la nuit fut courte,
je mets ma montre dans un bandana, autour de mon cou, juste sous mon oreille
droite. J’ai dû mettre 2 secondes à m’endormir.
Quand je me réveille (en sursaut !), la météo a
changé : brume partout, visibilité : 10 mètres maximum et un vent
assez fort que je ne sentais pas, couché dans mon petit creux. Le temps de me
chausser (avec un coussin NOK sous les doigts de pied), de ranger mon tarp et
je remarque un petit rideau de pluie entre le chemin et moi. Incroyable,
effectivement, il ne pleut pas sur ma butte. J’étais comme protégé par un champ
de force !
Je repars donc doucement (précaution habituelle post sieste),
en espérant que je vais rattraper mon ami Népalais. Avant le début de la
descente vers le CP10 (Valier), nous avons au menu 3 km de sentier mono file
bordé d’herbe basse, qui fait du « radada » entre 1800 et 1950 mètres
d’altitude. Je sens que la vue serait magnifique s’il n’y avait pas cette brume
épaisse. Je m’écarte de 50m du chemin pour prendre de l’eau et à peine 100
mètres après l’avoir repris, j’ai une forte sensation de « déjà vu ».
Je suis passé par là voici 5 minutes ! Je reviens donc en arrière, sors le
GPS … et bien non, c’était le bon sens. Du coup je suis complètement
désorienté, la première fois sur cette course. Gros malaise pendant 10 minutes,
jusqu’à ce que j’atteigne ce panneau rigolo tout de travers, comme couché par
le vent. Merci le GPS ; sans lui j’aurais douté plus longtemps.
26/07 – 20h25: Après 1000 mètres de descente, j’arrive à la
maison du Valier, le gîte d’étape qui précède le check point du même nom. J’y
achète une demi-douzaine de barres Lion, Mars et Crunch, un sandwich pour la
route, 3 madeleines et un grand verre de coca. Ensuite je vais au check
point ; je suis 119ème. Je discute un moment avec mon amie
anglaise végane Zoé (167), qui vient d’abandonner à cause d’une tendinite aigüe
du releveur qui passe sur le tibia. Dommage, j’aurais espéré qu’elle persévère
un bout pour qu’on puisse papoter un peu en Anglais.
Je n’ai fait que trente km aujourd’hui et il est déjà passé
21h. Je resterais bien dormir dans une de leurs tentes, mais ça impliquerait de
me lever à une heure en demi du matin et faire un long bout de nuit sans rien
voir, ce que n’aime pas du tout. Alors je repars pour minimum 10km de plus,
sous la forme de 900m de déniv positif pour passer le Tuc du Coucou.
27/07 – 01h30: je sors enfin de cette zone glauque,
paumatoire et marécageuse (impression nocturne) qui entoure le rocher de
darnaca. A 1200m je trouve un coin plat protégé par des sapins pour passer la
nuit. Mon terrain idéal. Le tapis naturel d’aiguille de pin est tel que je
décide de ne pas sortir mon matelas de sol Thermarest.
27/07 – 06h00: Levé à 5h du matin. Crunch + Lion en guise
pour le petit déjeuner tout en traitant mes pieds. Au programme ce matin :
60km, 3 ascensions avant de rejoindre la base vie #2 Bagnères de Luchon, avant
1h du matin, la barrière horaire officielle, qui je l’espère, sera repoussée un
peu. Je commence par le col de l’Arech, alt. 1800m, soit 600m de D+. Le chemin
est facile (pas technique du tout), mais plein d’herbes basses qui trempent les
chaussures. Je suis stressé par cette barrière horaire : 18 heures pour
faire 60km avec 3500D+, ce ne sera possible que si le terrain est clément.
27/07 – 07h15: La grosse tuile. J’ai passé Eylie et j’ai fait
environ 30% de la montée suivante vers l’Etang d’Araing. Depuis un vol plané
dans les fougères (sans conséquences, aucune blessure) pendant la descente vers
Eylie, je sens une gêne croissante à mon genou droit, dans la section
inférieure du quadriceps (interne). Ca s’appelle le vaste interne du quadriceps
si je lis correctement les planches anatomiques que j’ai trouvées sur Internet.
Plus je monte, plus ça empire.
J’ai fini par m’arrêter et essayer un massage au baume du
tigre. Aucun effet. Du Niflugel. Rien. Un strap : nette augmentation de la
douleur. Un peu d’anti inflammatoire ; aucun effet, même après une heure.
Plus j’avance, plus le genou se bloque par une espèce d’engourdissement
musculaire. Qu’est-ce que c’est que ce truc ?? Par élimination, je diagnostique
une contracture. Si c’est juste, c’est le prélude d’une déchirure musculaire.
Mais pourquoi ?? Le huitième jour ?? Pas assez dormi quand j’ai fait
mes 70 bornes ? La chute que j’ai faite voilà une heure ?? Trop de
sucreries depuis la maison du Valier ?? Trop d’entraînement avant cette
course ??
Bref, il va me falloir 6 heures pour parcourir 6 kilomètres
et atteindre le refuge de l’Etang d’Araing. Ça a été un véritable calvaire. Il
est 13h30 quand je demande aux gardiens s’ils ont de la place pour qu’un
coureur blessé se repose un jour ou deux chez eux. J’ai de la chance, ils en
ont. Je me pose en terrasse, je commande une bière et je commence à discuter
avec les randonneurs curieux de savoir ce qu’il m’arrive. Une heure plus tard,
mes amis accompagnateurs de montagne, Camille et François. Ils sont plus
rapides que moi (Camille fait même des podiums de trail), mais comme il font
des pauses monstres (genre plusieurs heures), nous nous croisons et nous
recroisons. Après deux heures en terrasse, je me lève pour bouger mon sac, et …
tiens mon genou va mieux. Je teste un peu sur la bute la plus proche … et la douleur
revient. Bon, c’est mort. Il ne me reste plus qu’à appeler Cyril, l’organisateur
que je vais rester un moment ici. Je ne veux pas faire venir les secours ;
je tenterai de redescendre dans deux jours.
Epilogue : J’ai
passé deux jours dans ce refuge. L’équipe de garde est super sympa. J’ai bien
sympathisé avec un jeune berger, au point de penser à rester une journée de
plus pour l’aider et découvrir la vie de berger. J’ai vu passer deux vagues de
randonneurs et j’ai même déjeuné avec l’équipe de l’hélicoptère mandaté par EDF
pour une étude du lac en termes de risque de débordement. L’ambiance change
chaque jour, selon les gens et la météo peut-être aussi. Après 24h de repos, j’ai
testé mon genou en descendant jusqu’au lac. Ça tenait bien. Alors je suis parti
vers FOS le lendemain matin (17.5 km, D+ : 354m, D- :1731m). Le genou
a tenu ; une petit gêne tout à fait gérable). Alors direction Bagnères de
Luchon le lendemain avec l’intention de continuer le GR tout seul, en mode
rando, une quarantaine de km max par jour. Mais les 30km et les 1700 mètres d’ascension
ont eu raison de mon genou. Les 20 derniers kilomètres ont été longs… Alors
après un total de 470km et 29'000 mètres de dénivelé positif, j’ai décidé qu’il
était temps d’écouter les alertes de surcharge musculaire envoyés par mon corps.
Pendant les trois jours qui ont suivi, j’ai très mal vécu cet échec :
erreurs de débutant, sensation d’être bon à rien, sensation d’injustice, après
tout le travail de préparation que j’y avais consacré, etc. Et puis maintenant
je me dis que finalement, 470km c’est déjà pas si mal… j’ai beaucoup appris. Je
ferai mieux la prochaine fois… la prochaine fois ?? :-)